Le prix Carmignac du photojournalisme est une initiative soutenue par la Fondation Carmignac.
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3° Édition
Zimbabwe : Le nom de vos plaies sera silence
Au XXIe siècle, les dictatures les plus obtuses sont officiellement des républiques. C’est le cas de la République du Zimbabwe. Entre décembre 2011 et avril 2012 à Harare, Robin Hammond a affronté au risque de la prison l’enfer économique, politique, policier et sanitaire du crépusculaire Robert Mugabe (1924-2019).
Bulawayo, Zimbabwe, 10 février 2012. Patrick, 5 ans, vit dans une décharge avec sa grand-mère. Ils gagnent en moyenne 10 $ par mois en recyclant des déchets. En 2012, l’espérance de vie dans le pays était de 55 ans (71 ans à l’échelle mondiale).
Le 18 avril 2011, le Zimbabwe a célébré ses 32 ans d’indépendance. Un évènement normalement joyeux, mais dont en réalité peu de Zimbabwéens avaient de raisons de se réjouir. La liberté promise 30 ans plus tôt ? Aujourd’hui une situation d’oppression. La démocratie pour laquelle les Noirs s’étaient battus jusqu’à la mort ? Une dictature. Et l’indépendance gagnée après 100 ans de colonialisme ? Une soumission face à un régime brutal.
C’est ce bilan que Robin Hammond est parti illustrer au Zimbabwe – 32 ans de violence dans un pays sur le déclin.
Bulawayo, Zimbabwe, février 2012. La Cold Storage Commission (entrepôt frigorifique) abattait le bétail et exportait la viande vers l’Europe.
Robin Hammond, Néo-Zélandais né en 1975, est un grand aventurier de l’Afrique sub-saharienne et dénonciateur inlassable des atteintes aux droits humains partout dans le monde.
Entre 2007 et 2009, il avait déjà parcouru en tous sens le Zimbabwe, pays dévasté de fond en comble par son inamovible despote Robert Mugabe, et documenté de multiples horreurs policières, sanitaires ou économiques dans ce « jardin d’Eden devenu véritable enfer pour la majorité de son peuple ».
Il y est retourné pendant cinq mois dans des conditions pareillement dantesques. Malgré deux séjours en prison, dont 25 jours « dans des conditions atroces », il en a rapporté des portraits terribles et subtils, des scènes quotidiennes saisies depuis l’intérieur d’une voiture et des aperçus émouvants sur le kukiya-kiya, le « faire faire » qui permet aux Zimbabwéens de simplement survivre. « Beaucoup voulaient me montrer les terribles conditions de vie qu’ils devaient supporter. Certains avaient peur pour moi et me prévenaient du danger… »
« Je n’étais plus en sécurité au Zimbabwe. J’étais également inquiet de mettre d’autres personnes en danger par ma simple présence. […] J’ai appris qu’un article avait été mis en ligne, […] il publiait une photo de moi et disait que j’étais un photojournaliste travaillant sur les questions de droits humains au Zimbabwe […]. J’avais peur […]. Je devais passer la frontière le plus vite possible. »
Présidé par Susan Meiselas, photographe, présidente de la Fondation Magnum à New York, le jury de la 3e édition du Prix Carmignac du photojournalisme était composé de :
Massimo Berruti, photographe documentaire, lauréat du Prix Carmignac 2010
Sophie Bouillon, journaliste, prix Albert Londres 2009
Christian Caujolle, journaliste, commissaire d’exposition et fondateur de l’agence VU’
Philippe Guionie, photographe documentaire, Prix Roger Pic 2008
Françoise Huguier, photographe, commissaire de Photoquai 2011
Yacoubé Konaté, professeur à l’Université d’Abidjan et critique d’art
Alessandra Mauro, directrice artistique du Centre International de la photographie à Milan
Patrick de Saint-Exupéry, rédacteur en chef de la revue XXI.