Le prix Carmignac du photojournalisme est une initiative soutenue par la Fondation Carmignac.
Le Pachtounistan
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2° Édition
Pachtounistan : Lashkars
Dans les zones tribales du Pakistan, le second lauréat du Prix Carmignac du photojournalisme a accompagné avec sensibilité des milices civiles contraintes de se battre contre les talibans issus de leur propre communauté.
Mahnbanr, tehsil de Qilagai, vallée de Swat, Pakistan, mars 2011. Said Bacha, doyen du lashkar et ennemi juré des talibans, rentre chez lui après avoir assisté à une grande jirga (assemblée) dans le tehsil (sous-district) de Kabal.
Dans les zones tribales où les Talibans et Al-Quaida ont trouvé refuge après le 11 septembre 2001, les populations pachtounes se sont trouvées en première ligne face à la menace terroriste, grandes oubliées du jeu diplomatique complexe noué entre le Pakistan et les Etats-Unis.
Exaspérées par les atrocités dont elles étaient victimes, les tribus de cette zone frontière avec l’Afghanistan n’ont eu d’autre choix pour résister à la loi de la terreur... que de se défendre elles-mêmes.
Pour assurer leur protection, souvent avec leurs propres armes et leurs propres vivres, les chefs tribaux ont renoué avec la tradition des Lashkars, ces milices jadis constituées ad hoc pour répondre à un but spécifique : poursuivre un criminel, régler une querelle familiale, rejeter un texte de loi.
Au printemps 2009, les milices Lashkars de la vallée de Swat, zone située au nord des zones tribales pakistanaises, ont joué un rôle clé aux côtés de l’armée pakistanaise lors de l’offensive menée pour libérer la région des Talibans, raison pour laquelle elles sont aujourd’hui particulièrement exposées aux représailles des extrémistes musulmans.
Né en 1979, Massimo Berruti, quand il candidate au Prix Carmignac du photojournalisme, est membre de l’agence VU et basé depuis trois ans à Islamabad.
« La couleur me perturbait, me détournait de mon objectif initial »,dira-t-il de son reportage intégralement en noir et blanc.
Massimo Berruti documente de janvier à avril 2011 la vie des Lashkars (« armée » en persan, qui a donné « lascar »), milices civiles pachtounes en lutte contre les talibans, pachtouns eux aussi, dans le district de Swat, au cœur des zones tribales du nord du Pakistan.
Au-delà de la fierté ombrageuse de ces hommes, jeunes ou vieux, posant dans leurs maisons ou silhouettés dans d’immenses paysages enneigés, on lit la souffrance d’une population forcée de se battre contre une terreur souvent impalpable, avec de minuscules moyens.
Il porte sur la réalité un regard de journaliste absorbant tous les faits au moment où ils adviennent, sans craindre d’affronter des situations de détresse ou de violence extrêmes. Dans une même image, il parvient à rendre visibles affrontements réels et combats intérieurs.
J’ai voulu dévoiler, au travers de mes clichés, parfois tragiques, comment ces gens souffrent au quotidien du terrorisme perpétré par les talibans, mais surtout comment ils s’y opposent avec leurs faibles moyens et continuent à vivre malgré tout. Je ne suis pas sûr d’avoir atteint complètement ce but à travers mes photos, car le terrorisme est quelque chose de compliqué, souvent impalpable, qui implique des intérêts très divers et parfois étrangers au pays où il se passe.
Imam Dherai, vallée de Swat, Pakistan, 2010. Des membres d’un lashkar patrouillent le long de la rivière Swat. Imam Dherai est le berceau du chef du TTP (Tehreek-e-Taliban Pakistan), le maulana Fazalullah.