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Édition

Libye, plaque tournante du trafic humain

Le photographe mexicain Narciso Contreras a séjourné entre février et juin 2016 dans le nord-ouest de la Libye, d’où il a ramené des images saisissantes du trafic humain mené par les milices et les groupes armés.

Des migrants clandestins et des réfugiés subsahariens passent la main par la fenêtre d'une cellule du centre de détention de Garabuli, implorant de l'eau, des cigarettes, de la nourriture et leur libération. Garabuli, Libye. © Narciso Contreras pour la Fondation Carmignac.

Six ans après la chute du régime de Kadhafi en octobre 2011, la Libye est en proie à une crise politique, militaire et humanitaire sans précédent. Alors que le gouvernement d’unité nationale créé sous l’égide de l’ONU ne parvient toujours pas à faire respecter son autorité, de violents combats continuent d’éclater quotidiennement sur le territoire entre milices et factions rivales. L’élan d’espoir initié au lendemain de la révolution a désormais laissé place au chaos.

Le Prix Carmignac du photojournalisme a décidé de soutenir un projet de fond sur ce pays dont nous ne recevons aujourd’hui presque plus d’images.

De février à juin 2015, le photographe et anthropologue mexicain Narciso Contreras — qui a déjà documenté de multiples zones de guerre, du Myanmar au Yémen, et reçu un prix Pulitzer en 2013 pour ses reportages en Syrie — s’est approché le premier de la monstrueuse réalité du trafic humain aux confins de la Libye post-Kadhafi.

Surpopulation carcérale, soins inexistants, misère abjecte, violences arbitraires : les milliers de migrants et de réfugiés subsahariens qui échouent dans ces bagnes sont achetés et vendus chaque jour comme du bétail par des milices tribales et des gangs armés, avec la complicité de ce qu’il reste des autorités libyennes.

À raison de très courtes visites et toujours sous surveillance, Narciso Contreras s’en fait le témoin précis, compatissant et accablé : « Les migrants que j’ai rencontrés sont victimes du trafic d’esclaves depuis si longtemps qu’ils sont brisés. Tout ce qu’ils veulent, c’est rentrer chez eux. »

Des miliciens Toubous prient au crépuscule au milieu du désert, vers la frontière avec le Niger, dans le sud de la Libye. Al Toum, Libye. © Narciso Contreras pour la Fondation Carmignac.

Libye : Plaque tournante du trafic humain Narciso Contreras

Editions Skira, novembre 2016

Couverture reliée toilée 30 × 28 cm à l'italienne 102 pages 35 illustrations couleurs Bilingue français/anglais

ÉPUISÉ

Présidé par Brett Rogers, Directrice de la Photographers’ Gallery à Londres, le jury de la 7e edition du Prix est composé de :

Patrick Baz, Fondateur du Desk photo pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à l’Agence France Presse

Reza, Photojournaliste

Janine di Giovanni, Rédactrice en Chef de Newsweek pour le Moyen-Orient

Thierry Grillet, Directeur à la diffusion culturelle de la Bibliothèque nationale de France (BNF)

Mikko Takkunen, Photo-editor au New York Times

Christophe Gin, Lauréat du 6e Prix Carmignac du photojournalisme

Centre de détention de Surman, Juin 2016. Femmes clandestines subsahariennes dans la cour du centre de détention qui s’apprêtent à monter des des bus pour être transférées dans un autre centre après avoir été vendues par le groupe de milice dirigeant le centre de Surman, à l’ouest de la Libye.

Dans l’espoir d’échapper aux centres de détention, les migrants clandestins, demandeurs d’asile ou réfugiés en quête d’un meilleur avenir tentent de se faufiler à travers le territoire libyen mais la plupart d’entre eux seront victimes de la traite d’êtres humains, ou contraints au travail forcé.

Arrêtés ou kidnappés sur leur lieu de travail, dans les camps de migrants ou dans la rue, les migrants sont convoyés vers les centres de détention où les milices les rançonnent pour leur libération, ou pire, les contraignent à travailler sans salaire jusqu'à ce qu'ils aient racheté leur liberté.