Logo Prix Photojournalisme

Édition

Esclavage et traite des femmes au Népal

Suite à l’appel à candidature lancé en juillet 2016, le jury, présidé par Monique Villa, a choisi de donner la voix aux femmes népalaises en sélectionnant le projet de Lizzie Sadin.

Quartier Chabahil, Katmandou, Népal, avril 2017. Une « amie » de son village a incité Rita, 17 ans, à partir pour l’Inde avec des promesses d’argent et de bijoux. Arrivée là-bas, elle a été enfermée dans un bordel et forcée de se prostituer à des clients souvent violents. La police l’a libérée et l’organisation Shakti Samuha l’a rapatriée au Népal.

© Lizzie Sadin pour la Fondation Carmignac

Après le tremblement de terre dévastateur qui a tué 9 000 personnes et déplacé 650 000 autres en 2015, le quotidien de nombreux népalais et népalaises a été bouleversé. Le chômage et cette extrême précarité attiraient tous les jours de plus en plus de trafiquants qui se rabattaient sur les femmes, particulièrement fragilisées.

L’Organisation internationale du travail (OIT) estime à plus de 2,5 millions de personnes les victimes de l’esclavage moderne et les femmes sont en première position. Elles représenteraient selon Amnesty International 80% de la traite des êtres humains, dont près de 50 % seraient mineures. Les types d’exploitation sont nombreux : sexuelle, travail forcé, esclavage domestique...

Pendant trois mois, loin des cartes postales de temples hindous et de treks dans les montagnes himalayennes, la lauréate Lizzie Sadin documente par des scènes et des portraits poignants le sort méconnu des 20 000 Népalaises exploitées dans l’industrie « du loisir » à Katmandou, capitale d’un pays fragilisé par les tremblements de terre d’avril 2015, où la traite des femmes vers l’Inde reste une pratique courante.

Dupées par des « amis » ou des membres de leur famille, traitées comme des choses dans une société misogyne, les femmes qui s’ouvrent à elle sont totalement désemparées : « En France, les femmes que j’ai photographiées […] voulaient exister à travers mes images. Je leur parlais, je tenais leurs mains, je pleurais avec elles […]. Ici, elles ont peur. »

Polka Magazine, 20 octobre 2017

« Pour la photographe, le trafic organisé n’est pas simplement une conséquence de la situation économique et du manque d’opportunités au Népal. Il pose également la question des droits des femmes : le droit de recevoir une éducation, de choisir son avenir, de vivre sa vie sans crainte des violences physiques ou psychologiques de leurs époux et famille. »

Olivier Laurent, Photo Editor au Washington Post dans Lizzie Sadin, Le piège : Traite des femmes au Népal, p. 13. Éditions Skira Paris / Fondation Carmignac, 2017.

King Road Street, quartier central de Katmandou, avril 2017.

© Lizzie Sadin pour la Fondation Carmignac

Le piège : Traite des femmes au Népal

Editions Skira Paris

Bilingue français - anglais 112 pages ISBN : 978-2370740618

Première édition, novembre 2017

Le jury était présidé par Monique Villa, Directrice Générale de la Fondation Thomson Reuters et Fondatrice de Trust Women, et était composé de :

Elizabeth Avedon, Commissaire indépendante, spécialiste en photographie

Francesca Fabiani, projets spéciaux photographie, Département de l’Art Contemporain et de l’Architecture, Ministère de la Culture, Italie

Thierry Grillet, Directeur à la Diffusion culturelle de la Bibliothèque nationale de France (BNF)

Olivier Laurent, Photo Editor au Washington Post

Élisabeth Quin, Journaliste et écrivaine - Présentatrice de 28 Minutes sur Arte

Narciso Contreras, Lauréat de la 7e édition du Prix Carmignac du photojournalisme